Le nom du groupe ne vous dit peut-être pas encore grand chose et pour cause, avec seulement trois chansons disponibles à l’écoute sur internet, un passage radio sur Le Mouv’ et un seul et unique showcase à leur actif dans la capitale, MOTHXR fait encore partie de ces groupes “confidentiels”, que vous pourrez, grâce à nous, vous targuer d’avoir connu “avant qu’ils ne deviennent mainstream”.
Quand Simon, Daren et Penn ont débarqué dans le studio, un vent venu tout droit de Brooklyn a soufflé sur tout le 9ème. Ils étaient crevés et pas très frais hygiéniquement parlant à cause d’une sombre histoire de punaises dans un hôtel de Douvres mais hyper lookés, dans le genre sans effort. Je me suis dit que le tout semblait plus cohérent et crédible que pas mal de ce que j’avais pu voir dans les rues de Paris.
Le début d’une histoire d’amour
Nous avons commencé l’interview avec pas mal de décontraction, les garçons étaient ravis de leur passage par Paris, malgré les quelques déconvenues citées plus haut. Le concert s’est transformé en mini fête de quartier et, de l’aveu de Simon, le guitariste, « New-York est une ville que le monde entier admire. Tout le monde est là genre “Wouah, New-York”, mais nous on se disait “WOUAH, Paris!” ». Et puis, au-delà de la ville en elle-même, ils m’ont confié être excités d’avoir rencontré leurs fans français, « C’est comme le début d’une histoire d’amour ». Quand je leur ai demandé s’ils avaient trouvé le public parisien frileux, Penn a levé un sourcil interloqué: « Frileux ? On ne l’a pas remarqué. Tout le monde était super chaleureux ! On a parlé à tous les gens ». Chers gens présents au Truskel, merci d’avoir oeuvré à redorer le blason de la mère patrie aux yeux des Ricains ! Coeur avec les doigts.
Mais malgré tout le bien qu’ils ont pensé de Paname, ces gars-là restent profondément new-yorkais. Une bande de pote, mais de New-York, donc beaucoup plus cool que n’importe quelle autre bande de pote, parce que “WAOUH New-York!”. C’est ainsi qu’ils m’ont longuement expliqué à quel point la création de ce groupe a été naturelle, des amis qui se retrouvent pour créer, dans une émulation propre à la scène émergente un peu arty, un peu indépendante, un peu branchée qui a favorisé leur émergence (Blood Orange, Glass Animals, Dark Sides, ...), des groupes qui ont« créé un espace pour que nous puissions faire notre musique ».
Hygiène bucco-dentaire
Et pour faire leur musique,le groupe a une méthode bien particulière, la méthode du dentifrice. Ni plus, ni moins : « On commence avec un beat, puis on ajoute les cordes, la basse… On est tous dans la pièce, on se dit “essaie ça… non c’est trop sombre, essaie ça… trop industriel” (...) Quand je m’exprime à travers la musique, c’est comme quand tu appuies sur un tube de dentifrice, tu ne sais pas nécessairement ce qu’il y a à l’intérieur, mais quand ça sort il y a ce qu’il faut pour que ça tienne sur la brosse à dents... qui serait la chanson ». YOLO, Penn chante des brosses à dents. Mais je ne juge pas, j’ai enlacé un perroquet en plastique ce jour-là. Simon a bien essayé de m’expliquer que leur musique reflétait un état d’esprit à un instant T, mais tout ce que j’ai pu retenir c’est l’image de l’expert Sanogyl qui me disait qu’on était sur une vraie bonne nouvelle pour les dents sensibles.
Ils se sont réunis pendant plusieurs jours à L.A, New-York et Chicago, histoire de pondre un E.P. Alors oui, il y a tout un tas de chansons toutes prêtes et au regard de ce qu’on a entendu, on aurait bien hâte de les entendre, mais ils ne sont pas encore chauds. Du coup, on attend. Ils veulent sortir tout un tas de singles. Penn se l’est joué super mystérieux « Peut-être qu’on va continuer à s’amuser, ou peut-être que le CD va sortir dans deux mois et tout ce que je dis n’a aucun sens ». Bref, on n’en sait rien.
Rufus Humphrey is watching you
J’ai pris mon courage à deux mains pour poser des questions qui me brûlaient les lèvres et n’avaient aucun rapport avec le groupe, j’avais besoin de parler de feu Gossip Girl. Et qui mieux que Gossip Girl elle-même pour répondre à mes interrogations ? Je me suis sentie mal, parce que le gentil Penn et ses copains sympas font de la chouette musique et je n’arrivais pas à me dire autre chose que “Mon Dieu, mais pourquoi ils ont arrêté cette série ? Pourquoi les gens aiment Chuck qui bat sa femme alors que Dan est formidable ?”. Et finalement, le groupe nous a rassuré en nous expliquant que la notoriété de Penn par rapport à Gossip Girl était bonne pour eux, qu’elle attisait la curiosité et que les gens étaient réceptifs à leur musique. Loin d’être un fardeau, Gossip Girl et la carrière cinématographique de Badgley en général sont d’autant plus de publicité pour eux.
A aucun moment Penn ne s’est agacé de mes questions. Reconnaissant pour la visibilité qu’a pu lui apporter la série, il a néanmoins souligné que sans le travail de l’ensemble du groupe et de toute l’équipe derrière eux, il ne serait pas là à discuter de sa musique en évoquant “your one and only source into the scandalous lives of Manhattan’s elite”. Il a ajouté « Je serais mort de honte d’utiliser la notoriété que m’a apporté Gossip Girl pour vendre de la mauvaise musique ». Et j’avoue que j’aurais été bien embarrassée de le rencontrer et de lui poser des questions, si je n’avais pas adoré les quelques chansons que j’ai pu entendre de MOTHXR. Et puis, ça a été l’occasion pour moi de mettre tout le monde mal à l’aise en demandant s’il était dans la Team Serena ou dans la Team Blair, devant sa nouvelle copine, la très très choupie Domino Kirke. Globalement, c’est comme si je lui demandais: et tu as préféré embrasser ton ex ou Leigthon Meester ? Je vous rassure, il est dans la Team Blair, nous voilà tous sauvés.