Marc Levy

Il est 11h00 à New York et 17h00 à Paris. Peu importe ! Je compose le numéro qui va nous permettre d’obtenir notre interview en direct, avec l’auteur français le plus lu dans le monde. Ça sonne ! Une fois. Deux fois…

Marc LEVY ? Bonjour, Armelle, rédactrice POSE MAG ! Vous allez bien ? Avant tout, je tenais à vous remercier pour ces quelques minutes que vous nous consentez et qui raviront nos lecteurs. Depuis 10 ans, chacun de vos romans rencontre un succès phénoménal. Cela vous oblige-t-il à plus d’exigence envers vous-même ?

Exigeant dans mon travail, je le suis. Être toujours en progression, n’est-ce pas le but de tout artisan ? Peaufiner, s’améliorer, avancer, se dépasser. A contrario, je ne ressens aucune pression lorsque je rédige un nouvel ouvrage, sinon l’envie de progresser.

Ce succès vous le devez à vos lecteurs, mais aussi à votre entourage et particulièrement à votre sœur, non ?

À 37 ans, j’écris une histoire destinée à mon fils, sur l’homme qu’il deviendra un jour. Poussé et encouragé par ma sœur scénariste (aujourd’hui réalisatrice), j’envoie le manuscrit de « Et si c’était vrai » aux Ed. Robert Laffont et obtient un accueil favorable. Je n’aurai jamais eu cette impudeur personnellement. Lorsque Steven Spielberg a choisi d’adapter mon roman, j’ai choisi délibérément de quitter mon cabinet d’architecture pour me consacrer entièrement à l’écriture.

Que ferait Marc Lévy aujourd’hui, s’il n’était pas cet auteur reconnu. Seriez-vous toujours aux commandes de votre cabinet ?

Très sincèrement, je ne le pense pas. Je suis trop curieux de la vie. En tant qu’entrepreneur, j’aimais porter mon regard sur l’action à entreprendre à court terme. Il me plaisait de constater que nous venions de créer cent nouveaux emplois. L’aspect financier, les bilans, les marges dégagées m’importaient peu. Je ne suis pas un capitaliste dans l’âme.

Si le thème de votre premier roman vous a été inspiré par votre fils, où puisez-vous votre inspiration, dans quels personnages ? Votre entourage le plus proche a-t-il un impact ?

Ma femme aime lire les feuillets de mon manuscrit au fur et à mesure, quand bon lui semble. Jamais, je ne lui remets en version imposée. Elle rentre dans mon bureau, s’en empare, les lit. Elle est très généreuse dans ses commentaires et j’apprécie son regard pendant que je construis mon récit. Elle m’a néanmoins surpris un jour, à 3h00 du matin, en pénétrant dans mon bureau, les feuilles à la main. Elle a senti que j’étais en train de mettre fin à un de mes personnages et s’est aussitôt exclamée : « Je te préviens, si tu le fais mourir, je te quitte ! ».
J’ai privilégié la sagesse et elle l’a sauvé !

Votre dernier roman « Le Voleur d’Ombres » est sorti en France le 17 juin 2010, suivi de très près par « Sept jours pour une éternité ». Vous avez quelque peu surpris et enchanté vos lecteurs avec cette BD. Etait-ce un projet qui sommeillait depuis longtemps ? La sortie de ces deux ouvrages en parallèle ne s’est-elle pas produite au détriment de l’un ou l’autre ?

Très sincèrement, je n’y ai même pas songé. Ce sont deux univers bien distincts, le roman et la BD. Pour tout vous dire, j’ai rencontré Eric Corbeyran (scénariste BD) au cours du prix Carrefour Savoirs (prix du premier roman créé en 2002). J’étais très admiratif de son travail, car fan incontesté de BD depuis des années. Lui, de son côté, m’avoua aimer mon roman « Sept jours pour une éternité ». J’étais fou de bonheur, d’autant plus lorsqu’il me proposa une collaboration. J’ai donc réalisé un scénario inspiré de ce troisième roman, qu’il a adapté, et Espé (dessinateur talentueux) s’est chargé des coups de crayons. Quel cadeau fabuleux! À aucun moment, je n’ai ressenti de déception, de celle qui vous démunit quelque peu, lorsque vous vous rendez au cinéma pour voir l’adaptation cinématographique d’un roman que vous avez aimé.
Deux facteurs importants sont retenus. Soit le film est vraiment mauvais, le travail des acteurs survolés, la mise en scène inadaptée. Soit, le producteur a posé sa touche personnelle sur le roman, et celui-ci est alors différent de celui suggéré durant toute sa lecture. Voilà en quoi le mot adaptation porte toute sa fragilité ou, au contraire, son envolée créative !

Vos romans sont traduits en 41 langues et publiés à l’étranger un an après leurs sorties en France. Comment sont-ils accueillis ? Dans quels pays rencontrent-ils le plus de succès ?

Je pourrais vous dire la Chine, car lorsque je m’y rends les gens sont toujours très souriants, à mon égard. Mais cela fait partie de leur culture. (rire) Le Vietnam, la Russie, l’Espagne, l’Italie, le Liban, l’Algérie, le Maroc,… pour les principaux, peut-être.

Auteur international, dans quels pays étrangers accordez-vous des dédicaces ? Combien de langues maîtrisez-vous ? Vous échangez principalement en anglais ?

(Silence puis rire) Je voulais vous faire croire que j’étais polyglotte. Non, je parle uniquement le français et l’anglais. Mais nous disposons toujours d’un traducteur sur place, dans chaque pays où nous nous rendons.

Peu d’auteurs ont la chance, tout comme vous, de pouvoir vivre de leur passion. Que recommanderiez-vous à tous ces auteurs inconnus qui tentent de percer au grand jour, sans y parvenir ?

Je reconnais que j’ai une chance incroyable ! Mais, je n’ai pas l’âge de donner des conseils. Simplement, je leur dirais que le fait de pouvoir exercer sa passion mène à une liberté extraordinaire. Les éditeurs commettent de nombreuses erreurs, mais sachez une chose : tout refus émanant d’une maison d’édition ne remet pas en cause votre capacité à écrire et n’est pas un jugement définitif en soi ! On regardera vos écrits, plus que votre posture. Continuez à jouir de vos mots !
Vous aimez jouer du piano. Vous ne donnerez jamais de concert salle Pleyel, et jamais vous ne serez un concertiste reconnu par la profession. Vous n’allez pas pour autant vous priver de cette joie incontestée qui vous envahit lorsque vous jouez ?

En 2003, vous avez réalisé un court métrage « La Lettre de Nabila », dans le cadre d’une campagne d’Amnesty International, sur la lutte contre les violences exercées contre les femmes. Pourquoi une telle implication personnelle sur ce fléau ?

Parce que la violence m’insupporte. L’abus de pouvoir et de force m’est insoutenable et inconcevable. La lâcheté de l’homme qui se complaît à tabasser la femme, tel un exutoire, m’est intolérable.

Auteur, scénariste, réalisateur mais aussi parolier…  Vous avez écrit plusieurs chansons destinées à Jenifer, Grégory Lemarchal, Johnny Halliday… Un nouveau défi ? Une nouvelle expérience ? Décliner les mots, les lettres sous toutes ses formes, toutes ses thématiques.

Un coup de bol fantastique ! Bertrand Lamblot (directeur artistique) m’avait un jour présenté Yvan Cassar (arrangeur, réalisateur et directeur musical). C’est alors que j’écris pour Jenifer et Grégory Lemarchal. Puis, Yvan me proposa d’écrire une chanson pour Johnny Halliday. It’s a joke ! À l’époque, je vivais à Londres. Yvan m’a rejoint. J’ai écouté sa mélodie et en une demi-journée j’ai écrit les paroles de « T’aimer si mal » qui figure sur son album blues « Le cœur d’un homme », sorti en 2007.
Puis, je suis resté sans nouvelles durant des mois. Et puis, un appel d’Yvan qui me demande de prêter l’oreille, et là, je reconnais les paroles de ma chanson, la voix de Johnny Halliday accompagnée d’un guitariste talentueux Taj Mahal. J’étais fou de joie ! Un autre beau cadeau via Los Angeles, du studio d’où ils enregistraient ! Je n’ai jamais rencontré Johnny, mais je me suis, bien évidemment, procuré son album !

Si je vous dis : la maison Rorqual, St Florent… Ces sites ont-ils une influence bénéfique sur votre inspiration ? Marc Lévy s’impose-t-il une pause littéraire durant ses vacances?

Effectivement, je me suis rendu 3 fois à St Florent. La maison Rorqual est un lieu de villégiature située sur la baie, bénéficiant d’un cadre idyllique. Un véritable havre de paix ! J’ai beaucoup apprécié Guy, mon hôte. Un homme généreux, plein de vie et de bonne humeur. J’aime beaucoup St Florent. En vacances, je me repose, je profite, je ne travaille pas.

Quels sont vos projets actuellement ? Un nouveau roman, votre seconde BD, l’écriture d’un scénario, une réalisation à l’étude, …

À court terme, je vous dirais : un gratin de pommes de terre à préparer pour ce soir. J’adore cuisiner. (rire)

Du 10 au 22 décembre : une tournée dans plusieurs villes de France
Le tome II de la BD est en cours et mon prochain roman se construit doucement. Il ne sera la suite d’aucun autre et sortira très probablement l’an prochain.

Quels sont vos auteurs de référence, votre livre de chevet ?

Livre de chevet ? Ce mot m’amuse, car si quelques auteurs vous citent leur livre de référence, sachez que sur leur table de chevet se trouve plus souvent un tube d’aspirine, qu’un ouvrage…
Actuellement je lis « Même le silence a une fin » d’Ingrid Betancourt (Ed. Gallimard)
Quant à mes livres cultes, il y en a tant…
« Clair de femme » de Romain Gary (Ed. Gallimard)
« L’Arabe » d’Antoine Audouard (Ed. de l’Olivier)
« Paroles » de Jacques Prévert

Par quel biais, peut-on suivre votre actualité ?

Sur mon site : http://www.marclevy.info/

Désirez-vous ajouter quelque chose ?

Après avoir été coupés à trois reprises, je constate que le réseau téléphonique français est vraiment mauvais !

Informations

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