Pour ceux qui ne te connaitrait pas encore, peux-tu te présenter pour les lecteurs de Pose Mag ?
Je m’appelle Bastian Baker, j’ai 21 ans, je suis Suisse. Je fais de la musique depuis que je suis tout petit en tant qu’auteur, compositeur, interprète. J’ai un album « Tomorrow may not be better » qui est sorti en 2011 en Suisse, et en 2012 en France. Je bosse actuellement sur mon deuxième album et je vais faire une tournée d’une vingtaine de dates en France. C’est ma première tournée ici dont je me réjouis beaucoup.
Plus jeune, tu faisais du hockey sur glace, mais tu as décidé de te lancer dans la musique. Pourquoi ce changement radical ?
En fait, ce n’est pas vraiment un changement. J’avais le hockey sur glace, je faisais des études et à côté ma grande passion c’était la musique. Je chante 26h/24 comme dit ma mère. Après j’ai toujours une guitare à la main, notamment dans les soirées avec mes amis. Créer c’était mon seul et unique hobby. Je faisais cela tout le temps sans aucune prétention musicale car je n’ai pas fait des études de musique. C’était surtout pour moi, pour le fun. Je n’aurai jamais pensé un jour en arriver à faire une interview pour Pose Mag en avril 2013 à Paris. La transition s’est faite assez tranquillement. Une personne a cru en moi en Suisse, m’a permis de financer d’abord un single qui a vraiment cartonné en radio et j’ai pu produire le reste de l’album.
On t’a découvert avec le single « Lucky » qui porte bien son nom pour le coup. Quel a été ton ressenti quand tu as vu que le titre marchait ?
Il y a une première sensation qui est hallucinante. A ce moment là j’allais encore à l’université et je m’entrainais tous les soirs pour le hockey. Je me retrouvais à conduire pour aller à l’entraînement, après Rihanna et avant Lady Gaga c’était moi qu’on entendait à la radio. La première fois tu aurais presque un accident, c’est vraiment trop cool. Ce sont des moments qui restent à jamais gravé et auxquels on ne s’attend pas.
Tu es auteur, compositeur et interprète, est-ce important pour toi de participer à l’ensemble du parcours créatif ?
Oui, c’est ce qui me procure le plus de sensations et de satisfaction. C’est là où tu as les deux extrêmes car quand tu pars de rien c’est un peu la dépression, mais quand tu arrives à quelque chose c’est une jouissance extrême. Là on a commencé à bosser sur le deuxième album, et c’est moi qui produit tout musicalement. Tu es là au début quand il n’y a rien et tu te dis « Comment on va faire pour qu’il y ait quelque chose ensuite ? ». Puis les choses passent car c’est du travail acharné. Puis j’ai la chance d’être mon propre patron dans ma propre société, du coup j’ai une vraie indépendance à ce niveau là.
Peux-tu nous dire comment s’est déroulé l’enregistrement de ton album ?
Pour le premier album c’était un peu à l’arrache, on était un petit peu pressé et dans le stress car le premier single « Lucky » avait bien marché donc il fallait sortir quelque chose pour confirmer cela. Après cela s’est très bien passé car j’ai eu la chance de travailler avec des musiciens fantastiques. Malgré le stress, il y a toujours ces moments où tu réalises que tu es en studio et que c’est ce que tu as toujours voulu faire. Tu prends conscience de la chance que tu as. Je devais enregistrer les guitares et les pianos de 13 titres en 3 jours, donc ça a été un peu extrême. On n’est pas sorti du studio. Ce sont des anecdotes qui restent. Le premier album c’était des chansons que j’avais écrites entre 15 et 19 ans.
« Tomorrow may not be better » est sorti en 2012 en France, qu’as-tu voulu raconter dans ce premier album ?
Il n’y a pas de thème ou de sujet de prédilection. Il y a certains titres inspirés de sensations personnelles, de moments de mon histoire. Mais il y a aussi des chansons comme « With you gone » ou « Love machine » qui sont vraiment plus inspirées de la fantaisie. C’est une image dans ma tête et je construis autour de ça. Après je pense que le thème le plus récurrent, c’est sûrement le temps qui passe et l’appréhension du lendemain. Ce premier album c’était aussi pour moi une manière de définir quelle serait ma vie.
Et comment définirais-tu le style de ta musique ?
J’aime pas trop mettre des noms sur ma musique car ça met un petit peu des barrières, surtout sur un univers qui aujourd’hui se mélange. Je pense que les deux termes les plus forts doivent être rock et folk car c’est basé autour de la guitare acoustique, c’est ainsi que je compose. Mais il y a des sonorités différents : la fin de « With you gone » c’est hispanique, il y a « Love Machine » qui est un peu bossa nova. J’aime travailler avec des rythmes différents et j’ai un super percussionniste qui me permet de faire ça. La meilleure solution reste d’écouter « Tomorrow may not be better ».
Tu as 21 ans, mais on sent une véritable maturité dans ta musique et dans tes chansons. D’où est-ce que cela te vient ?
J’ai énormément de recul sur tout ce que je fais. Je n’ai pas choisi d’être comme ça, mais après ce sont des trucs de ta personnalité, ton quotidien. J’ai de la chance de venir du milieu du sport où on t’apprend à grandir vite. Ce sont des questions de rigueur, de ponctualité. Quand tu as perdu un match, tu n’as pas perdu le championnat. C’est de la philosophie de bas étage, mais ça aide.
On a tous entendu ta reprise de « Hallelujah », pourquoi avoir choisi de reprendre ce titre en particulier ?
« Hallelujah » c’est une sorte d’accident heureux ou malheureux, je ne sais pas encore. C’est une chanson avec laquelle j’ai un lien très fort. Sans tomber dans le kitsch et sans verser de larmes, quand ma grand-mère est décédée, mon père m’a demandé de jouer cette chanson à son enterrement. Ce jour là je me rappelle m’être levé de ma chaise et d’être revenu m’asseoir. Je n’ai aucun souvenir d’avoir interpréter la chanson car j’étais dans un état de transe absolue. C’est la sensation chaque fois que je joue ce morceau. On l’a enregistré car j’étais en studio lors d’un enregistrement de guitare acoustique et en fin de journée, pour faire une exclu, on a décidé d’enregistrer « Hallelujah ». Ce fut assez rapide, on l’a mise sur Youtube et à partir de là les radios se sont accaparées le titre. C’était très étonnant pour moi. C’est un guitare-voix au milieu de toutes ces chansons hyper produites. Si les gens apprécient cela fait toujours plaisir.
En 2012, tu as reçu un Swiss Music Awards et tu as été élu troisième personnalité préférée des suisses. Quel est ton ressenti aujourd’hui ?
On en a gagné deux nouveaux cette année d’ailleurs. La Suisse c’est mon pays de cœur, c’est là d’où je viens. J’adore mon pays, la mentalité des gens. Même quand je suis à l’étranger, mes fans suisses continuent à me soutenir depuis les réseaux sociaux. C’est hyper flatteur. C’était bizarre d’être dans ce classement final car j’étais entouré d’autres artistes, mais aussi de politiques.
Tu es suisse, mais tu as fait la première partie d’artiste français et tu te produis également en solo en France, quel rapport entretiens-tu avec notre pays ?
En effet, j’ai fait les premières parties de Nolwenn Leroy et une de Johnny Hallyday. J’étais chaque fois en solo. C’est une formation qui est sympa car ça donne l’expérience du guitare-voix. Maintenant, pour ma tournée en France, je viens avec mon groupe qui se compose essentiellement de potes. Les deux seuls concerts qu’on a fait ici pour le moment c’était Le Réservoir en octobre et la Cigale en novembre. Je me réjouis car pour le moment ce que je trouve le plus cool en France c’est le public.
Tu as également participé à la saison 3 de Danse avec les Stars, quels souvenirs gardes-tu de cette expérience ?
Cela ne m’a pas appris à être un meilleur danseur ni d’en faire une de mes passions. C’était un moment marquant de l’année passée, mais le plus positif reste le côté humain. J’ai rencontré plein de personnes avec qui je suis encore en contact aujourd’hui et ça c’était cool.
On peut lire de toi que tu fais partie des nouveaux « beaux mecs » dans la musique. Que penses-tu de cette image ? Tu l’assumes ou tu préfères ne pas y penser ?
Si on me trouve beau, je ne peux que dire « Merci maman » car je n’ai rien fait pour. Après c’est à la fois un avantage et un inconvénient. C’est aussi pour ça qu’on fait les concerts et qu’on va chercher le public. Les gens plus alternatifs peuvent s’arrêter au physique, mais je veux montrer que je ne suis pas que la gueule.
Quels sont tes projets pour 2013 ?
Cette année est surtout basée sur l’expansion vers l’étranger. L’année passée j’ai beaucoup développé mes activités en Suisse. Je reviens des États-Unis, on est beaucoup Londres et je vais être pas mal en Asie aussi. Cette année est dédiée au lancement dans d’autres pays. On sera également beaucoup en Belgique, un pays que je trouve très cool. Ce qu’il y a de fou et stressant, mais magique dans la musique c’est que tu ne peux pas trop définir à l’avance en fait. Si début 2012 tu m’avais dit ce que j’allais faire tout au long de l’année, j’aurai dit « Non, non, ce n’est pas possible ! ». On ne sait pas ce qui va arriver : c’est fait d’opportunités, de portes qui s’ouvrent ou qui se ferment.
Tu es encore jeune, où te vois-tu dans trente ans ?
Le principal dans trente ans c’est que je sois toujours heureux car je suis quelqu’un qui n’aime pas m’ennuyer. Après peut être que j’aurai développé un champ de maïs au Nicaragua, on ne sait pas. Si je suis heureux, pourquoi pas.
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Merci du soutien. Au plaisir de vous croiser à n’importe quel concert aux alentours !