Je pense qu’on vous pose souvent la question mais pourquoi ce nom « The Young Professionals » ?
C’est la première chanson qu’on a écrite ensemble même si ce n’est pas exactement pour cette raison qu’on l’a choisi. Après avoir travaillé un an sur ce projet, on trouvait que c’était la meilleure façon de décrire cet album : la vie des occidentaux. Les jeunes gens des grandes villes axés sur leur vie professionnelle, très impliqués dans l’argent, la technologie ; adorant et détestant à la fois. Nous écrivons surtout sur cette vie là mais dans une relation amour-haine ; en faire partie mais réaliser qu’on y trouve aussi des inconvénients ; vouloir y être bon et créatif et en même temps avoir envie de vivre à la campagne. Il y a l’expression « young professionals » qui vient de l’Amérique des années 80. C’était la façon sérieuse, légitime de décrire certaines personnes. Mais pour nous, c’est à la fois sérieux et pas sérieux.
Et quand vous aurez 20 ans de carrière derrière vous, il faudra peut-être changer de nom, non ?
(Rires) Juste « The Professionals » ou peut-être « The Old Professionals » ! C’est une bonne question ! Ca n’a pas vraiment à voir avec l’âge, c’est plutôt un état d’esprit. Ma mère est une professionnelle très jeune et elle a 74 ans, vous savez ! C’est plus une question d’idées et de croyances que d’âge.
Que faisiez-vous tous les deux avant la formation de TYP ?
Johnny : J’ai travaillé avec plusieurs artistes et chanteurs sur leurs albums et mon album est une coopération avec plusieurs différents artistes d’Israël.
Ivri : J’ai déjà une longue carrière musicale en Israël. J’ai sorti 5 albums studio et 1 DVD-CD live. J’ai aussi produit quelques albums pour d’autres artistes et j’ai écrit la musique de 3 films.
Si vous deviez arrêter la musique un jour, vers quoi vous dirigeriez-vous ?
C’est une question difficile. Tous les deux, nous faisons de la musique depuis l’âge de cinq ans.
Ivri : Jusqu’à l’âge de quinze ans, je voulais être basketteur mais il y avait quand même la musique. Et puis à quinze ans, j’ai réalisé que je ne le serais jamais et la musique est devenue beaucoup plus importante. Si ce n’était pas la musique, j’aimerais faire quelque chose d’autre dans l’art, comme designer….
Johnny : Je serais chef ou quelque chose comme psychanalyste….
Lorsque que l’on vous voit tous les deux, vous donnez l’image de deux garçons sérieux, alors que votre univers artistique est très décalé. Est-ce que ce décalage est fait exprès ?
Oui, c’est fait exprès. On veut montrer la dualité de ce que nous pensons que la vie est. Que ce soit à Paris, Tel-Aviv, Berlin ou New York, nous vivons des vies très similaires avec des intérêts et des activités similaires. Il y a un côté que l’on montre et celui que l’on ne montre pas. Il y a la propreté et il y a la saleté. Il y a la même dualité avec le sérieux. On aime faire les idiots. C’est être suffisamment intelligent pour savoir que vous jouez les idiots. Pour nous, tout est une question de degrés. C’est pourquoi on a tellement aimé travailler avec Uriel car il est si différent de nous. Presque comme un alter ego.
Justement, en parlant d’Uriel Yekutiel, qui vous accompagne aujourd’hui et que l’on a vu entre autre dans votre clip « TYP DISCO », comment est née cette collaboration ?
J’étais assis avec Guy Sagi (directeur de la video TYP) en train de prendre un café et on a commencé à lui montrer des trucs sur TYP et ça lui a bien plu. Il nous a demandé si on voulait faire une vidéo et on lui a répondu “ pourquoi pas !”. On a commencé à travailler et à chercher des trucs sur internet. Et là, on a vu Uriel dans des clips de fêtes gay à Tel Aviv. On a adoré son personnage et le fait que ce soit nouveau. Ce n’est pas un garçon, ce n’est pas une fille. Il n’est pas non plus un drag queen. Pour nous, c’est un concept complètement neuf. C’est un mélange des genres mais d’une façon différente. On a bien aimé et on a pensé que ce serait cool de travailler avec lui alors on l’a appelé. Il était super content et voilà……C’est comme ça qu’on a commencé à travailler ensemble. Maintenant il danse dans nos spectacles, il amène une super énergie et on se marre bien.
Vous dites que « Nous créons du neuf, toujours base sur de l’ancien. ». Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
Le côté technique de notre musique, c’est le sampling. On adore sampler. Pour nous, si on peut sampler Ottowan et à partir de cela, écrire une nouvelle chanson, c’est prendre quelque chose qui fait partie de notre culture et de notre histoire. J’écoutais Ottowan et leur chanson DISCO quand j’avais 6 ans, donc ça fait partie de qui je suis. C’est super qu’aujourd’hui on puisse s’en servir pour faire quelque chose d’autre avec. C’est ça qu’on aime: prendre quelque chose et en faire autre chose. L’art de nos jours est toujours basé sur de l’ancien.
Pensez-vous qu’un jour vous aurez simplement envie de créer quelque chose de nouveau ?
On ne sait pas. On ne sait jamais ce qu’on fera le lendemain alors on verra bien. Mais aujourd’hui en tant qu’artistes on veut rendre hommage à ce qui était là avant nous. On trouve que c’est important. Quand des musiciens comme Stockhausen par exemple ont commencé à faire de la musique contemporaine au début du siècle, ils sont arrivés et ont dit “ Merde au passé ! On veut tout effacer et faire de la musique complètement nouvelle, basée sur rien.”
Nous on dit: Ok, c’est bien! Mais ce n’est pas ce qu’on a envie de faire. On ne dit pas “ Merde au passé !” mais utilisons le, servons nous-en et créons quelque chose de neuf avec, amusons nous avec et intégrons le dans ce que nous faisons. Beaucoup de nouvelles choses aujourd’hui sont la combinaison de plusieurs choses qui ont déjà été créées auparavant. Voilà comment nous essayons de créer du neuf en prenant grand soin du vieux.
Vous avez fait un cover du titre « Video Games » de Lana Del Rey. Pourquoi ce choix ?
Tout d’abord parce qu’on adorait la chanson. La première fois qu’on l’a entendue, elle n’avait que
300 000 vues sur YouTube. C’était bien avant l’engouement que c’est devenu maintenant. C’était le tout début et quand on a vu la vidéo, on s’est dit “waoww!”. C’est vraiment une belle chanson et une belle video. Ca nous a plu et aussitôt on a su ce qu’on ferait avec cette chanson. On l’a ressentie comme une chanson rock. On l’a entendue d’une façon totalement différente.
Est-ce que Lana vous a fait un retour au sujet de ce cover ?
Non, on ne sait pas. On espère que ça lui plaît.
Pour finir, un petit mot en français pour nos lecteurs ?
Le mot français qu’on aime bien, c’est « très cool ». En fait, notre avocat est de Belgique. Chaque fois qu’on le voit, on commence toujours la conversation en français. Alors on sait dire : Bonjour, comment ça va ? Très bien et toi ? Ça démarre toujours comme ça et après on passe à l’anglais !
English version
I think people often ask you this, but why the name « The Young Professionals »?
It was the first song we wrote together but it’s not the reason why we chose this name. After a year of working on this project, we felt that it was a great way to describe the album; the life of westerner. Career oriented young people in a big city, very involved in money, technology, loving it and hating it at the same time. So that’s what we write about basically : this life but in a love-hate relationship, being part of it but realizing there’s a lot of bad sides to it and wanting to be good at what you do and creative but also realizing you just want to go live in the country. There’s the original “the young professionals” the term from America in the 80’s. It was a serious, legitimate way to describe some people. We take it seriously and not seriously at the same time.
And do you think you‘ll change the name in maybe twenty years?
(Laughs) For just The Professionals or maybe The Old Professionals”! It’s a good question!
I’ts not necessary an age thing, it’s a state of mind thing. My mom is a very young professional and she is 74, you know! It’s a matter of ideas instead of beliefs that you have more that your age.
If you had to stop the music one day, what would you do?
It’s a hard question. Both of us are in music since we are 5.
Ivri: Till 15, I wanted to be a basket ball player but the music was there all the time. But at 15, I realized it’s not gonna happen like suddenly the music became much more important. But if not music, I would love to be maybe something else in art, like a designer…
Johnny: I would be a chef or something like psychoanalyst…
When we see you both you seem very serious, but your artistic universe is very offbeat. Is that on purpose?
It is on purpose. It comes to show the duality of what we think life is. If it’s Paris, Tel-Aviv, Berlin, New York, we all live a very similar life with similar interests and similar activities. There’s a side you show, there’s a side you don’t show. There’s a tidiness and there’s a dirtiness. There is that same duality to seriousness. We love being stupid. It’s about being smart enough to know you’re stupid. For us, it’s all about layers. That’s why we loved working with Uriel because he is so different from us. Almost like an alter ego.
Today, you are with Uriel Yekutiel, that we can see in your videoclip « TYP DISCO ». How was this collaboration born?
I was sitting with Guy Sagi (director of the TYP video) and we were just having coffee, we started showing him stuff about TYP and he was excited about it. So he asked if we wanted to make a video and we said “sure!”. We started working and then we were searching the internet, looking at stuff and we saw Uriel in videos of a gay party in Tel Aviv. We loved his character and the fact that he is new. He is not a guy, he is not a girl, and he is not a drag queen. For us it’s something completely new. It’s gender blending in a new way. We loved that and we thought it would be cool to do something with him so we called him. He was really excited about it and the rest is history……That’s how we started working together. Now he is dancing with us in shows, he brings a beautiful energy and it’s a lot of fun.
You say « We create something new, always based on something old. ». Can you explain this choice ?
There’s a technical side to our music which is sampling. We love sampling. We feel like if we can sample Ottowan and write a new song, it’s taking something that was part of our culture and part of our history as people. I used to listen to Ottowan and to this song DISCO when I was 6 years old, so it’s part of who I am. It’s great that today you can take this and do something else with it. We like taking something and turning it into something else. Today art is always based on something old.
Do you think that one day you will simply want to create something new?
We don’t know. We never know what we’re going to do tomorrow so who knows what we’ll do. But today as artists, we want to give respect to what was there before and we think it’s very important. When the guys from modern music started at the beginning of the century, like Stockhausen, guys like that came and said “Fuck the past! We want to erase everything. We want to build something that’s totally new and it’s not based on anything.”, we’re saying that’s good! But that’s not what we do. We don’t say “fuck the past!” Bring it in. Let’s live with it and create something new with it, play with it and let it be part of what we do. A lot of new things today are two things that already happened and the combination is the new thing. So that’s how we’re trying to create our new by taking great care of something old.
You did a cover of « Video Games » from Lana Del Rey. Why this choice?
First of all, we love it. The first time we heard the song it only had 300 000 views on You Tube. So it was before the hype, before it became what it is now. It was just the beginning and one day we saw this video and we were like « waoww! » It’s such a beautiful song, such a beautiful video. We liked the vibe but also immediately we felt like we know what to do with this song. We felt it as a rock song. We heard it totally different.
Do you know what Lana thinks of this cover?
We don’t know. We hope she likes it.
Finally, a little word in French for our readers ?
The word we like in French is “très cool”. Actually our lawyer is from Belgium. So every time we start a conversation, it’s always in French. So we know like: Bonjour, comment ca va? Très bien et toi? It always goes like that and then it moves to English after!