La Maison Thierry Mugler fait un retour en force. Tu dois être fier d’avoir participé au tournage de la nouvelle campagne. Comment sont-ils venus vers toi ?
Je dois reconnaître que j’en suis plutôt fier et heureux, d’autant plus que je n’ai qu’un an de photos derrière moi ! Nicola Formichetti m’a contacté, il y a un peu plus d’un mois, via mon book en ligne. Quand j’ai reçu son mail, m’expliquant qu’il était le directeur artistique de la Maison Mugler mais également de Lady Gaga, et qu’il avait besoin de moi pour son prochain projet artistique, je n’y croyais absolument pas.
Moins d’une semaine après, je me retrouvais au studio Mugler à Paris, avenue de l’Opéra, pour essayer quelques pièces de la nouvelle collection présentée au défilé. Nicola m’a ensuite parlé de son projet. Il souhaitait tourner une vidéo à New York pour accompagner le show qui a eu lieu le mercredi 22 juin à Paris, comme il l’a fait avec Rick Genest lors de son précédent défilé. J’ai tout de suite accepté ! J’ai dû m’arranger avec mon travail, j’ai beaucoup de chance d’avoir un patron très conciliant qui a accepté que je sois absent quelques jours et je le remercie du fond du cœur. À peine deux semaines après le premier mail de Nicola, j’étais à New York pour débuter le tournage.
Raconte-nous le tournage de cette vidéo…
Le tournage a duré deux jours. Le premier jour, nous étions sur une longue plage proche de New York. Les lieux étaient magnifiques. La première séquence était la plus dure : nous devions poser debout, dos à l’océan et face au soleil… À la fin de cette première journée de tournage, je devais poser dos à la caméra, totalement nu. Je me rappelle que la maquilleuse est venue appliquer un peu d’huile sur mes fesses pour accentuer le reflet du soleil… Le photographe et réalisateur Branislav Jankic a immortalisé cette séquence. Je dois absolument lui demander cette photo !
Le deuxième jour de tournage s’est déroulé dans un grand studio à Brooklyn. Notre coach acteur est venu me voir pour me demander si j’étais près à tourner une scène totalement nu avec probablement du nu frontal. Je lui ai répondu que j’avais déjà posé nu lors de mes précédents shootings, mais jamais en frontal. J’ai accepté de le faire à condition que mon sexe ne soit pas dévoilé dans son intégralité. Je tiens à garder une partie de mon intimité secrète ! Deux jeunes femmes avaient rejoint le casting du tournage, dont Nomie Ruiz, un transsexuel avec qui j’ai tourné la majeure partie des scènes censurées… Nous n’avions aucune idée du rôle que nous allions jouer. Nicola et Branislav nous expliquaient ce que nous avions à faire au fur et à mesure que les scènes s’enchaînaient, parfois même pendant les prises !
Au final, ces deux jours de tournage ont duré une bonne quinzaine d’heures chacun, ce fut donc intense mais passionnant. L’ambiance était très agréable, tout le monde était très cool. J’ai vécu une expérience incroyable que je ne suis pas prêt d’oublier, surtout pour un premier tournage. J’ai hâte de recommencer !
On a pu voir dans la vidéo, et tu nous l’as confirmé, que l’ambiance était chaude, puisqu’une des versions de la vidéo a même été diffusée sur un site pornographique. Est-ce que c’était la même chose dans les coulisses ?
L’ambiance dans les coulisses était très décontractée et chaleureuse. Nous savions qu’il y aurait des scènes chaudes, mais nous ne connaissions pas les limites… En fait, nous n’avions aucune idée des scènes qui nous attendaient. Je pense que c’était volontaire pour nous éviter d’appréhender le tournage. Ainsi nous découvrions les scènes lorsque nous y étions, et nous restions à l’écoute du réalisateur ! Les coulisses ne sentaient donc pas le sexe, mais lors des scènes, l’air était très chaud ! Je me suis alors totalement plongé dans mon rôle afin de donner le meilleur de moi-même et rendre la scène parfaite. J’ai adoré !
Tu es habitué à poser en tenue légère. Cela ne t’a jamais posé problème ?
En effet, j’ai posé nu à plusieurs reprises lors de mes précédents projets. Je crois d’ailleurs que ce sont mes derniers clichés réalisés à New York avec le photographe Rick Day qui sont parvenus à Nicola et qui l’ont amené à me contacter… Être nu devant l’objectif ne m’a posé problème à aucun moment. Lorsque le but est artistique, c’est un mélange de beauté, de subtilité, de sensualité et une petite touche de provocation. C’est une expérience passionnante pour laquelle on dépasse quelques-unes de nos limites et qui déploie fortement notre inspiration. Je pense que c’est aussi un moyen de s’extérioriser, ce qui est parfois plus difficile dans la réalité. Me mettre nu devant une personne qui me plaît et à qui j’ai envie de plaire peut s’avérer difficile. Le regard du photographe, lui, nous met totalement en confiance.
Tu exerces le métier de coiffeur en parallèle du mannequinat. Est-ce que tu vas continuer ou bien te consacrer désormais à ta nouvelle activité de modèle ?
Je n’oublie pas mon métier principal, la coiffure. J’ai également des projets de ce côté-là. Je passe mon dernier examen en septembre prochain, j’aurai donc fini ma formation d’ici la fin de l’année et pourrai partir à l’aventure ! J’aimerais m’orienter dans la coiffure studio afin de découvrir la véritable coiffure artistique. Je n’aime pas la routine, elle m’effraie. J’ai besoin d’avoir sans cesse de nouveaux défis, mettre en place de nouveaux projets, et laisser aussi une petite place au hasard. J’ai 22 ans, la joie de vivre, je suis libre, j’ai envie de découvrir les différentes voies qui s’offrent à moi et m’investir dans ce que j’aime, ce qui me passionne.
Tu as été élu Mister Gay par le magazine Têtu. Comment l’idée de participer à cette élection t’est venue ?
Complètement par hasard ! C’était il y a un an maintenant, je surfais sur Internet, et il me semble que c’est sur Facebook que j’ai vu un lien qui parlait de cette élection. Je venais de faire mon premier shooting, j’avais envie de tester ces quelques clichés auprès d’un public plus large que mes proches, je me suis donc lancé pour m’amuser, mais aussi par curiosité ! Deux mois plus tard, je faisais partie des 10 candidats pour l’élection de Mister Septembre.
Tu t’es exprimé ouvertement au sujet de ton homosexualité dans ce même magazine. Tu assumes donc totalement le fait d’être gay ?
J’assume totalement qui je suis, que je sois gay ou non. Lorsque j’ai fait ma première interview pour Têtu, la question a forcément été posée, je n’allais pas mentir ou me cacher, ça n’avance à rien, et savoir si j’aime les mecs ou les filles, cela importe peu… J’aime les mecs, oui, et les filles m’attirent, aussi !
Et ça ne pose pas problème à ta moitié que tu affiches ton corps partout ?
Qui a parlé de moitié ? Si ça doit poser problème à la personne avec qui je suis, cela reviendrait à dire que le fait de me réaliser dans des projets qui me passionnent ne lui plaît pas… Ce ne serait alors pas ma moitié !
On l’a dit, tu poses souvent dévêtu, mais quelles sont tes marques de vêtements préférées ?
Je n’ai pas de marque préférée. Parfois une marque crée une collection qui me plaît et qui me va (selon moi !), et la saison d’après je n’apprécie plus autant, je change donc de rayon… En fait c’est toujours un calvaire pour m’habiller, je trouve toujours un petit truc qui ne me met pas à mon avantage… Mes amis me disent pourtant que c’est top, mais il n’y a rien à y faire… Constatant qu’ils sont désespérés à mon sujet, je leur réponds que c’est pour cette raison que je pose presque toujours nu, c’est la meilleure tenue qui m’aille !
Et si tu devais poser une autre grande Maison de couture, ça serait laquelle ?
J’aime la mode, mais je ne la suis pas assez pour être incollable. Je sais seulement que lorsque je regarde un défilé, j’aime découvrir ces pièces originales reflétant un univers complètement décalé, car plus c’est déjanté, plus j’aime ! Je répondrai donc que je suis ouvert à toute proposition de n’importe quelle grande Maison de Couture !
Enfin, quels sont tes projets pour la suite ?
Je compte venir m’installer à Paris à la fin de l’année. Bien que mes projets professionnels s’orientent vers de la coiffure studio, j’ai également très envie de continuer cette petite aventure de modèle que je vis en ce moment. C’est pour moi une passion et une chance, et il y a encore de nombreux univers que je n’ai pas explorés et qui m’attirent. N’étant pas encore sur Paris, je n’ai pas d’agence de modèle. Les projets pour lesquels j’ai participé jusqu’à maintenant ont donc toujours été personnels.
Cette opportunité que Nicola Formichetti m’a offert en tournant ce film pour Mugler m’a donné d’avantage d’ambition dans ce milieu. Je suis passionné de cinéma, et si j’avais su qu’un jour, ne serait-ce qu’un court instant, je serais devant la caméra pour le clip vidéo d’une grande Maison de Couture, je n’y aurais pas cru. C’est pourquoi je suis très heureux aujourd’hui d’avoir vécu cette incroyable expérience et je ne souhaite pas m’arrêter là. J’ai soif de découverte artistique !