Skip the use

Un groupe. Cinq musiciens. Un rock énergique à la prose anglophone efficace. Un état d’esprit ouvert et une accessibilité déconcertante. Ne vous méprenez pas sur l’identité du groupe Skip the Use. Ils nous viennent du Ch’Nord. Mais ils n’en ont gardé que la franchise. Pose Mag est allé à la rencontre de Mat Bastard et Yann Stefani, respectivement chanteur et guitariste du groupe, pour nous parler de ce qui les touche, les inspire et les motive.

Comment a débuté le groupe Skip The Use ?

Mat Bastard: On a commencé il y a un peu moins de trois ans avec un groupe punk. En enregistrant notre troisième album au sein de ce groupe, quelques morceaux différents ont émergé. De là, on s’est posé des questions et on s’est dit que ce serait bien de faire autre chose. On a donc décidé de réaliser un nouveau projet et de redémarrer à zéro.

Yann Stefani: Notre premier projet s’appelait Carving et était composé exactement des mêmes membres que Skip The Use. Lorsque l’on est arrivé en studio, avec Carving, notre producteur belge nous a demandé d’essayer de nouvelles choses et on s’est pris au jeu. Le résultat qui en est sorti était réellement différent de ce que l’on faisait avant. Ce n’était donc pas possible de continuer avec le même nom de groupe. Le punk a un état d’esprit assez droit. Si on commençait à faire des chansons plus cools et plus abouties, cela aurait été un peu bizarre. On s’est donc naturellement dit “On est reparti. On fait un nouveau groupe”.

Comment définiriez-vous votre style musical ?

Yann: On est assez large d’esprit. C’est du rock assez énergique. On est là pour faire danser les gens. C’est un peu une boîte de nuit, mais en version rock, avec des gens qui bougent sur scène. Après, on ne va pas jusqu’à définir notre style comme du “Post-Rock-Funk-Punk”… je ne pense pas que cela puisse être étiqueté comme cela. Comment tu l’étiquetterais, Mat?

Mat: Je ne parle pas français… (rire) Je n’aime pas les étiquettes. Je trouve cela naze de ranger les groupes dans des tiroirs. Cela arrange juste les gens qui ne font pas de musique. Nous, on essaie de faire de la musique qui fait danser. Après, on n’en a rien à faire de savoir dans quelle catégorie de musique le public veut nous ranger. Tant que cela fait bouger les gens, on est content.

Quelles sont vos références musicales ?

Yann: C’est encore une fois assez large mais dans notre style, on aime bien le côté rock d’un groupe comme The Hives. Dans la nouvelle génération de groupe, on aime bien le côté dansant du groupe Gossip.

Il vous manque quand même une fille pour faire Gossip…

Yann: Il ne nous manque pas qu’une fille, d’ailleurs. Peut-être quelques kilos aussi… (rire).

Mat: Nos références, cela peut être autant les Rolling Stones que des groupes comme Justice ou Daft Punk. James Brown… on aime vraiment beaucoup de choses. Tout ce qui possède une énergie fédératrice capable de faire danser les gens nous inspire. Même des styles plus durs, comme de la musique métal. On peut être aussi sensible à cette énergie-là. On est aussi fan de Trepalium par exemple… (rire). Non, ce n’est pas vrai. A la fin de notre entrevue, on vous demandera de trouver où on a menti durant l’interview. Premier indice: on n’est pas fan de Trepalium.

Qu’est-ce qui vous inspire plus généralement lorsque vous composez ?

Mat: Tout ce qui a un rapport avec la sociologie primaire la plus basse qu’il puisse exister. Les gens qui nous côtoient… On est un groupe très populaire au sens premier du terme et on a envie de rester là-dedans. On n’a pas envie de partir en digression, de polémiquer sur des sujets dont on n’a rien à faire. On fait des chansons qui parlent de la vie et de choses simples car nous sommes des gens simples. En partant de ce niveau-là et des choses qui nous touchent, on peut aborder tous les sujets: la politique, l’environnement, le futur, le passé, l’histoire, la religion, les peuples, la fête, les femmes, les hommes, les chiens, les chats… On n’est pas “hype”. D’ailleurs, qu’est-ce que cela veut dire “être hype”? En tout cas, on n’a pas envie de faire partie d’une élite. Au contraire, on se sent très bien au fond du trou.

Vous revendiquez fièrement vos origines lilloises. Vous êtes donc des ch’tis dans l’âme ?

Yann: Non, ce n’est pas une fierté d’être Ch’tis. C’est connoté, dès que l’on dit “ch’tis”. On a tout de suite l’impression que l’on va parler comme ça, alors que nous ne sommes pas comme ça [N.B.: dit-il en prenant l’accent du Nord]. Certes, on est content de faire du rock comme on le fait et de sortir de Lille. Mais ça ne va pas plus loin que cela. Sur scène, Mat aime bien raconter que l’on amène le soleil partout où l’on va.  Mais ce n’est pas vrai. On ne le ramène pas du Nord.

Mat: On aime bien le côté populaire du Nord-Pas de Calais. Par rapport à ce que l’on disait auparavant, c’est sûr que c’est une région très populaire et nous, on se sent bien là-dedans. Après, on y associe des histoires familiales et les racines que l’on y a. C’est plutôt de cela dont on est fiers. Maintenant, on n’est pas un groupe régionaliste. On a tendance à cataloguer les gens du Nord-Pas de Calais comme des personnes bêtes, au chômage, qui ont été et qui ne seront plus. Nous, on est juste fiers de montrer que ce n’est pas le cas. Il se passe beaucoup d’évènements dans la région, des choses très actuelles. On revendique plutôt notre région comme faisant partie d’un pays et que cette région n’est pas si différente que la région parisienne, bordelaise ou toulousaine.

Vous vous êtes déjà beaucoup produits sur scène. Quel est votre meilleure souvenir à ce jour ?

Mat: C’était au festival Solidays car Coralie [N.B.: l’attachée de presse du groupe Skip The Use] n’avait pas mis de culotte et était bien emmerdée toute la journée. On a bien rigolé.

Yann: C’était mignon… Plus sérieusement sur ce sujet et au-delà de la culotte, Solidays a vraiment été notre meilleur souvenir. Il y avait énormément de monde et les gens faisaient les fous. Cela nous a énormément marqués. Aussi bien cette année sur la scène principale que l’année dernière. Mais il y en a d’autres aussi. Notamment, lorsque l’on est parti à l’étranger. Par exemple, en Allemagne, dix mille personnes étaient présentes au premier concert que l’on a fait. On espère bien y retourner. C’est d’ailleurs pour ça que l’on se donne autant. On a envie d’aller partout, de s’exporter en Europe.

Qu’avez-vous ressenti lorsque l’on vous a appris que vous feriez la première partie de Rage Against The Machine ?

Yann: Max, notre batteur, a vu une annonce pour un concours dont le prix était de faire la première partie de Rage Against The Machine. On y a participé. Il y avait beaucoup de groupes en compétition et on a gagné. Ils nous ont pris mais on l’a su seulement trois jours avant la date du concert. On n’avait que trois-quatre morceaux à présenter.

Mat: On l’a fait. C’était bien mais on n’a pas eu le temps de réaliser. Par contre, lorsque l’on est arrivé sur place et que l’on a vu RATM jouer, c’était surtout cela qui était génial pour nous. On n’a jamais été dans le fanatisme absolu. On passe autant des bons moments avec un groupe mythique comme Rage Against The Machine qu’avec le groupe Shaka Ponk parce que ce sont des potes. Ce qui était intéressant avec RATM, c’était le côté très abouti de leur show. C’est très instructif quand on fait de la musique d’assister à des concerts comme ça. Pareil avec Muse. C’était des expériences très enrichissantes. Encore, avec Muse, cela peut encore se reproduire à l’avenir. Mais pour RATM, il s’agissait de la tournée de reformation du groupe. On savait qu’après ça, ce serait fini.

Yann: Cette expérience nous a quand même motivés pour la suite. Il y avait énormément de monde devant la scène, tous hypnotisés par la musique. Voir quarante mille personnes qui sautaient de partout, c’était assez effrayant. Mais à la fin, on se dit qu’on voudrait faire ça toute notre vie…

Mat:… jusqu’à ce que l’on ait des enfants. (rire)

Pour vous, était-ce une évidence de ne chanter qu’en anglais?

Mat: On avait essayé une fois de chanter en français, avec Carving, mais ça ne nous avait pas plu. Le français n’est pas une langue que l’on maîtrise au point de faire des beaux morceaux avec. On a toujours eu cette envie aussi de s’exporter plus facilement à l’étranger, de sortir de notre pays. Ne pas s’emprisonner et pas tellement envie aussi de faire partie de la grande famille de la chanson française, avec laquelle on n’a aucune affinité.

Quel est votre rapport à la mode ? Est-ce que votre style vestimentaire est étudié ou totalement improvisé ?

Mat: Honnêtement, cela dépend de chacun. Là, nous ne sommes que deux à pouvoir répondre parmi les cinq membres du groupe. On n’a pas tous le même rapport à la mode et aux vêtements. Moi, je suis fan de mode depuis toujours. De stylisme, de Haute Couture. J’adore les tissus, les chasseurs de tendance, les défilés, les collections. Je suis ce sujet à fond. Je regarde “La mode, la mode, la mode” sur Paris Premiere et la Fashion Week. C’est vraiment passionnel. J’adore ce que fait Karl Lagerfeld, certains cuirs chez Balenciaga. En terme de défilés, j’aime beaucoup Jean-Paul Gaultier même si j’avoue être très très Chanel. Aimer leur univers et ce qu’il font depuis toujours. Ce sont vraiment eux qui utilisent le plus de matières et réalisent un énorme travail sur les tissus.

Yann: Moi, par contre, par rapport à ça, je vous avouerai que je préfère les gens tout nus… (rire) Non, j’ai toujours aimé ce qui se fait dans le monde du skateboard par rapport à la mode. J’avais beaucoup apprécié la mode des grands pantalons. On s’habillait n’importe comment et on trouvait ça super.

Mat: Je pense que la mode, c’est passionel. Soit tu es dedans, soit tu ne l’es pas. Pour moi, être “fashionista”, c’est avoir de l’argent et faire les magasins, ce qui est différent du fait d’aimer la mode. Parmi tout ce que j’ai cité auparavant, j’ai deux-trois pièces Lagarfeld et c’est tout. Je ne peux pas en avoir plus. Maintenant, ça ne m’empêche pas de regarder un défilé et d’apprécier une collection. Mais il y a des marques beaucoup plus accessibles, qui sont beaucoup plus grand public, dont on peut admirer le travail aussi. Mais on n’a pas tous ce même rapport à la mode dans le groupe. Pour tout vous dire, les autres membres en ont un peu rien à faire. (rire)

Quels sont vos projets pour la suite ?

Mat: Pour moi, ce serait de faire un deuxième enfant… (rire)

Yann: C’est vrai que l’on a chacun notre vie privée aussi. Mat fait des choses que l’on ne faisait pas avant, comme faire des enfants. Mais musicalement, on compose beaucoup actuellement. Notre nouvel album sort le 30 Janvier 2011…

Mat: 2012… 2012.

Yann: Le 30 Janvier 2012, exactement. Et il va vraiment être terrible! On ne sait pas encore trop comment cela va se passer, ce qu’il y aura dedans et comment il va s’appeler mais on y arrive bientôt!

Mat: La sortie de l’album, c’est déjà un gros boulot. Mais il va falloir assurer la tournée durant toute l’année ensuite. En France, dans un premier temps. Puis, l’étranger. On est conscient qu’au début, ce sera surtout des petites incartades. Le but du jeu, ce sera de s’implanter dans d’autres pays après la France. Mais il y a tout un travail à effectuer autour de ça.

Il y aura des surprises dans cet album ?

Mat: Il y aura un duo avec ma fille… (rire) On a eu des idées mais au final, on va faire les choses nous-mêmes. Ce n’était déjà pas évident, à la base, de faire cet album. On va déjà aller au bout pour le sortir. Pour la suite, on verra.

Avez quels artistes aimeriez-vous enregistrer des titres ?

Yann: On aimerait bien avoir Rick Rubin comme producteur. Il s’est occupé d’artistes comme Johnny Cash, Slayer, Red Hot Chili Peppers. Il a produit notamment le dernier album de Gossip. Bref, c’est super intéressant ce que je raconte…

Mat: Attends, il faut faire un lien avec Pose Mag… Alors on aimerait sortir un album produit par Rick Rubin, remixé par Justice. Coralie, elle peut faire ce qu’elle veut. On voudrait être habillés par Karl Lagerfeld et ma fille par Bonpoint. Et tout le monde est content.

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Titoff

SES DÉBUTS Né à Marseille, il y a 39 ans, Titoff (de son vrai nom Christophe Junca) s’éprend de comédie en regardant le film « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ». Il s’oriente dès lors vers cette profession artistique et amorce ses premiers pas sur la scène du Chocolat Théâtre à Marseille. LA SUITE En 1999, il se produit à la Comédie de Paris, puis en 2000 au Trévise, où Thierry Ardisson le remarque. Une rencontre déterminante au cours de laquelle il lui propose de remplacer Laurent Baffie dans l’émission « Tout le monde en parle ». Puis, il enchaîne le Palais des Glaces suivi d’une tournée à travers toute la France qui le mène à l’Olympia où il triomphe. 2003, il crée son second spectacle et parcourt les routes de France. « Metrosexuel » qu’il présente en 2007 remportera inévitablement un grand succès. Il aurait pu poursuivre ainsi sa route, et faire comme le suggérait M. Sarkozy « Travailler plus, pour Gagner plus ! ». Il préférera mettre sa vie de one-man show entre parenthèse et s’accorder une pause salutaire. À lui alors le théâtre, le cinéma, les téléfilms et Europe 1 au côté de Laurent Ruquier dans « On va s’gêner ».

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